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LA NÉCROSE

DEFINITION 

Ensemble des processus qui suivent la mort de la cellule, du vivant de l’individu, à la suite d’une atteinte cellulaire sévère et/ou persistante. 

 

       La nécrose peut être physiologique (comme lors du développement embryonnaire par exemple) ou pathologique lors d’agressions extérieures ou de souffrance cellulaire. On distingue principalement : 

  • La nécrose de coagulation : lors d’atteintes brutales, avec conservation relative des structures. 

  • La nécrose de désintégration/caséeuse : lors d’atteintes plus lentes, avec perte de l’architecture tissulaire.

  • La nécrose de liquéfaction : concerne surtout le système nerveux central et les foyers de suppuration

 

       Elle concerne des territoires cellulaires entiers et est souvent à l’origine d’une réaction inflammatoire associée (par libération du contenu cellulaire dans le milieu extracellulaire). Lorsqu’elle concerne un tissu de revêtement (peau, muqueuse digestive ou respiratoire etc.), la nécrose cause une desquamation des cellules touchées. Il en résulte une érosion si seul l’épithélium est concerné, ou une ulcération si l’atteinte est plus profonde et touche la basale et le tissu conjonctif. 

 

    La nécrose peut survenir directement ou être le stade ultime d’une dégénérescence cellulaire mais elle est, dans tous les cas, irréversible. L’évolution des foyers de nécrose dépend de l’étendue de la zone touchée, de sa cause et de son intensité. Un foyer de petite taille pourra cicatriser facilement (fibrose) tandis que des atteintes plus graves et profondes peuvent se surinfecter ou persister;

Illustration des changements morphologiques subis par la cellule lors de nécrose 

(d’après Kumar et al., 2014)

PATHOGENIE & ETIOLOGIE

      Lorsque la cellule subit des dommages, elle peut perdre sa capacité à maintenir son homéostasie. Cela peut entrainer des désordres ioniques, des anomalies du pH et des mitochondries ainsi que des troubles membranaires à l’origine d’un gonflement cellulaire (imbibition hydrique). Celui-ci peut être réversible lors de faible atteinte (on parle alors de dégénérescence) mais peut aussi être irréversible et conduire à la mort de la cellule par perte de contrôle du volume cellulaire si les dommages sont trop sévères ou persistants (on parle alors de nécrose). 

 

    De nombreuses causes peuvent être à l’origine d’une nécrose : des causes physiques (brûlure, traumatisme, radiations…) ou chimiques (agents toxiques très nombreux), métaboliques (dysendocrinies…), infectieuses (virale, bactérienne, parasitaire, fongiques), immunitaires, tumorales ou trophiques (défaut de perfusion, hypoxie, défaut d’innervation, carences vitaminiques…).

 

La nécrose de coagulation :

 

        C’est une nécrose qui survient lors de phénomènes brutaux et sévères notamment lors d’ischémie (hypoxie) et d’atteinte toxique. Cela entraine une dénaturation des protéines cellulaires (protéines structurales et enzymes) qui coagulent au sein du cytoplasme, ce qui limite l’action protéolytique de certaines enzymes. Ainsi, on observe par exemple une conservation globale des contours cellulaires et tissulaireExemple : infarctus rénal 

Schéma illustrant les modifications tissulaires survenant lors de nécrose de coagulation 

La nécrose de désintégration

     Cette nécrose survient lors de phénomènes plus lents. Une lyse des cellules et de leurs composants provoquée par la libération d’enzymes protéolytiques à la suite de leur mort, conduit à une perte de l’intégrité cellulaire et de l’architecture tissulaire globale.

Exemple : nécrose de désintégration d’un nœud lymphatique lors de tuberculose. 

     Il existe un cas particulier, la cytostéatonécrose, qui est la nécrose du tissu adipeux principalement causée par des lipases pancréatiques libérées localement. Il y a alors saponification des graisses. 

Schéma illustrant les modifications tissulaires survenant lors de nécrose de désintégration 

La nécrose de liquéfaction :

 

       On observe également une lyse des cellules aboutissant à un matériel visqueux voire liquide. Cette nécrose survient surtout au niveau du système nerveux central (cerveau, moelle épinière). En effet, ces organes sont très riches en lipides et dépourvus de support de fibres permettant le maintien de l’architecture (favorisant le ramollissement). 

Schéma récapitulatif des caractéristiques des différents types de nécrose 

ASPECT MACROSCOPIQUE

      Il dépend de la cause de la nécrose et de son intensité, du temps écoulé depuis le début du processus et du territoire concerné (local vs. généralisé). Parfois, il est difficile de faire la différence macroscopiquement entre le pus et la nécrose

  • Couleur : variable (blanchâtre, beige, marronnée ou grisâtre), avec une démarcation plus ou moins nette avec le tissu sain

  • Taille/Forme : turgescent, gonflement

  • Consistance : variable (ferme, pâteux, friable)  

NB : Lors de nécrose de coagulation, un liseré rouge (hyperhémie), entoure fréquemment la zone nécrotique. En cas de cystostéatonécrose, les lésions sont en « tâche de bougies », blanchâtres et indurées.

Les foyers de nécroses (*) peuvent revêtir des aspects variables, tant en couleur (noirâtre (1), grisâtre (2), pâle (4) beige (3,7) ou rougeâtre (5) si une composante hémorragique est surajoutée) et en étendue (focale (1,2,7), multifocale (4), segmentaire (5) voire diffuse (3)) selon la cause. La photo (6) représente des foyers de cytostéatonécrose (flèche) en « tâche de bougie ». La nécrose d’un épithélium peut être à l’origine d’un ulcère (tête de flèche) à l’aspect variable (8,9,10). EnvA ; https://noahsarkive.cldavis.org, photo F19175-F08158-F10166-F01099-F14101-F13945-F00396-F34141

ASPECT MICROSCOPIQUE

     Les cellules nécrotiques subissent plusieurs modifications. Le noyau perd son aspect classique pour devenir hypercondensé, rétracté, hyperbasophile (pycnose), ou bien fragmenté (caryorrhexie), ou encore dissous/estompé (caryolyse). Les cellules peuvent être tuméfiées (imbibition hydrique) ou, dans des stades avancés, être éclatées et seuls des débris cellulaires sont observés dans un magma nécrotique.

Illustrations des changements nucléaires survenant lors de nécrose (d’après Zachary, 2017)    

Figures nucléaires lors de nécrose (foie, chien) : lors de nécrose, on peut observer des figures de caryorrhexie (tête de flèche), de pycnose (flèche) ou de caryolyse (^). https://noahsarkive.cldavis.org, photo F10144

      Lors de nécrose de coagulation, les cellules conservent leur intégrité (contour présent) mais ont un cytoplasme hyperéosinophile du fait de la coagulation protéique. De plus, l’architecture du tissu est elle aussi généralement conservée et perceptible (tubules rénaux, fibres musculaires squelettiques, etc). 

    Lors de nécrose de désintégration, une désorganisation tissulaire est observable dans la zone lésée avec une perte des structures normales : cellules épithéliales désolidarisées, séparées des membranes basales, sans contour net, éclatées, situées au sein d’un matériel amorphe éosinophilique pâle composé de débris nucléaires et cellulaires. Une calcification peut être associée.

   Dans le cas de cytostéatonécrose, on observe des cristaux de cholestérol, des foyers de minéralisation et un afflux important de macrophages spumeux

 

            Une inflammation entoure souvent les lésions nécrotiques (hyperhémie et cellules inflammatoires dont lymphocytes, granulocytes neutrophiles, macrophages) révélatrice d'un nettoyage de la zone, et des figures de phagocytose peuvent alors être visibles. Des plages hémorragiques peuvent être associées si des vaisseaux sont touchés.

Nécrose de coagulation (rein, chien) : dans ce contexte d’infarctus, l’architecture tissulaire générale (tubules rénaux, glomérule) est globalement conservée avec des cellules éosinophiles (pointillé). On retrouve de manière associée une hémorragie (*) et la présence de leucocytes (tête de flèche) dont principalement des granulocytes neutrophiles. EnvA

Nécrose de désintégration (épiderme, chien) : on observe des débris nucléaires au niveau de la couche cornée (tête de flèche) ainsi que la présence de granulocytes neutrophiles (flèche).

https://noahsarkive.cldavis.org, photo F22759

Nécrose de désintégration (rate, chien) : on observe seulement un magma nécrotique composé de débris nucléaires basophiles (tête de flèche) sur un fond hémorragique (hématies), avec perte totale de l’architecture tissulaire initiale. Les pigments noirâtres sont des artéfacts liés au formol. EnvA

Nécrose de désintégration (rate, bovin) : on observe là encore une perte totale de l’architecture initiale et seulement un magma nécrotique composé de débris nucléaires (tête de flèche) et protéiques (*). On peut noter la présence d’une cellule géante multinucléée (pointillé) et de cellules inflammatoires (en haut à gauche). EnvA

L’Essentiel 

  • La nécrose est l’ensemble des processus qui suivent la mort de la cellule, du vivant de l’individu, à la suite d’une atteinte cellulaire sévère et/ou persistante

  • Elle est irréversible.

  • De nombreuses causes peuvent en être à l’origine ; elle survient directement ou correspond au stade ultime d’une dégénérescence.

  • Il existe trois grands types de nécrose : 

    • Nécrose de coagulation : avec persistance de l’architecture tissulaire globale et de l’intégrité cellulaire

    • Nécrose de désintégration : avec perte de l’architecture tissulaire et formation d’un magma nécrotique constitué de débris cellulaires.

    • Nécrose de liquéfaction : formation d’un matériel visqueux, fluide dans le système nerveux central principalement. 

  • Microscopiquement, les cellules sont gonflées voire éclatées formant un magma nécrotique, avec un noyau hypercondensé, fragmenté ou lysé. Une réaction inflammatoire est souvent associée. 

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