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L'AMYLOÏDOSE

DEFINITION 

Dépôt d’amyloïde, substance protéinacée, dans le milieu interstitiel d’un tissu ou d’un organe. 

 

   L’amyloïdose n’est pas une maladie en soi mais un groupe d’affections ayant en commun un dépôt de protéines fibrillaires ayant une mauvaise conformation (mauvais repliement) conduisant à leur insolubilité et leur agrégation et constituant l’amyloïde. Il existe deux grands types d’amyloïdose en fonction des précurseurs protéiques qui en sont à l’origine : 

  • Amyloïdose « AL » dite primaire : dérivés de chaines légères d’immunoglobulines synthétisées par les plasmocytes

  • Amyloïdose « AA » dite secondaire : dérivés d’une molécule de l’inflammation chronique, la SAA (pour Serum Associated Amyloid), synthétisée par des hépatocytes

 

       D’autres sont plus secondaires : 

  • Amyloïdose « Aß » : dérivés d’une molécule, la APP (pour Amyloid Precursor Protein) 

  • Amyloïdose endocrine 

       L’amyloïdose peut être systémique avec des dépôts dans de multiples organes, ou localisée, touchant préférentiellement un tissu/organe. Le dépôt est irréversible et altère la fonction de l’organe atteint (notamment par atrophie des cellules sous la pression de ces dépôts).   

PATHOGENIE & ETIOLOGIE

On distingue deux mécanismes généraux à l'origine de la formation de l’amyloïde :  

  • Production excessive de protéines normales sujettes au mauvais repliement et à l’agrégation. 

  • Mutation à l’origine de protéines ayant une mauvaise conformation et une tendance à l’agrégation. 

Ces phénomènes sont conditionnés par des défaillances du système de dégradation de ces protéines. 

 

Amyloïdose généralisée : 

 

  • Amyloïdose primaire (AL) : La production de ces dérivés anormaux d’immunoglobulines peut avoir lieu en cas de tumeur des plasmocytes (plasmocytome ou myélome multiple). La prolifération clonale d’une de ces cellules peut être à l’origine de la production excessive d’immunoglobulines et de chaines légères. Une amyloïdose associée peut alors se déclencher. Dans ce cas, on pourra également avoir associé à cela un pic monoclonal à l’électrophorèse des protéines sériques, mais également le passage dans les urines de chaines légères constituants la protéinurie de Bence Jones. Ce type d’amyloïdose est le plus souvent systémique mais de rares cas locaux au niveau de plasmocytomes localisés (par exemple plasmocytome cutané du chien) sont décrits.

 

  • Amyloïdose secondaire (AA) : c’est la plus répandue. Lors d’inflammation chronique, les cellules inflammatoires produisent des cytokines qui stimulent les hépatocytes produisant la SAA. Cependant, pour qu’il y ait dépôt d’amyloïde, il faut qu’il y ait soit une anomalie génétique rendant la conformation de cette molécule anormale et résistante à la dégradation, soit un défaut des enzymes la dégradant à l’origine de la formation de molécules insolubles. 

    Dans cette forme, les dépôts ont surtout lieu dans le rein (localisation glomérulaire pour le chien, et médullaire pour le chat), le foie et la rate. La plupart du temps, l’expression clinique de ces amyloïdoses est donc rénale (polyuro-polydispsie et/ou protéinurie et/ou insuffisance rénale chronique). 

 

  • Des formes héréditaires ou familiales d’amyloïdose AA existent avec pour origine des dérivés de protéines ressemblants à la SAA. Les dépôts peuvent être systémiques avec une atteinte préférentiellement rénale (médullaire). 

    Exemple : Shar-pei, Beagle, Abyssin. 

 

Amyloïdose localisée

 

  • Amyloïdose Aß : Ces dépôt interviennent avec l’âge chez le chien et ont principalement lieu au niveau de lésions neurodégénératives cérébrales

 

  • Dans certains cas des formes familiales d’amyloïdose AA, les dépôts peuvent être localisés, principalement au niveau rénal (médullaire). 

    Exemple : Shar-pei, Beagle, Abyssin.

 

  • Autres : D’autres amyloïdoses dites « endocrines » existent et sont en lien avec des glandes endocrines ou d’autres amyloïdoses peuvent avoir lieu sur le site de certaines tumeurs.   

    • Exemple d’une amyloïdose endocrine : amyloïdose pancréatique du chat diabétique lié à un dépôt d’un dérivé d'une protéine (IAPP pour Islet Amyloid Polypeptide) produite par les cellules ß des îlots de Langerhans. 

    • Exemple de tumeurs associées à des dépôts d’amyloïde : tumeurs mammaires et pancréatiques endocrines du chien, certaines tumeurs odontogènes du chien et du chat. 

Schémas récapitulatifs de différents types d’amyloïdose

ASPECT MACROSCOPIQUE

  • Couleur : pâle

  • Taille/Forme : organomégalie/turgescence (si atteinte généralisée de l’organe) ou nodules multifocaux à coalescents (en cas d’atteinte localisée).  

  • Consistance : ferme, cireux, fragile

Ces lésions sont très rarement observables macroscopiquement. 

On observe une amyloïdose multifocale (1) associée à une fibrose (aspect rétracté) et des amyloïdoses diffuses (2,3,4). 

https://noahsarkive.cldavis.org, photos F06957-F34129-F03038-F09253

ASPECT MICROSCOPIQUE

       L’amyloïde apparait comme une substance extracellulaire, amorphe et hyaline. Elle est éosinophile et apparait donc de couleur rose en coloration standard HES. Cependant, elle peut être difficile à identifier c'est pourquoi une coloration spéciale est souvent nécessaire pour poser le diagnostic. Il s'agit du rouge Congo qui permet de révéler l’amyloïde en rouge avec une biréfringence verte en lumière polarisée.  

Amyloïdose pancréatique (pancréas, chat) : en coloration standard (1), on observe le dépôt d’une substance amorphe éosinophile dans le milieu interstitiel, l’amyloïde (*). La coloration rouge Congo (2) permet de colorer la substance amyloïde en rouge. En lumière polarisée (3), l’amyloïde est à l’origine d’une biréfringence jaune-vert. EnvA

Amyloïdose glomérulaire (rein, chien) : on observe également le dépôt d’une substance éosinophile amorphe (*, 1) au sein du glomérule en coloration HE. La coloration rouge Congo (2) révèle la substance amyloïde en rouge. En lumière polarisée (3), une biréfringence jaune-vert caractéristique de l’amyloïde confirme sa présence. https://noahsarkive.cldavis.org, photos F27935-F32941-F32942

L’Essentiel 

  • L’amyloïdose est un groupe de maladies ayant en commun le dépôt de protéines fibrillaires anormales qui deviennent insolubles et s’agrègent. 

  • L’amyloïdose la plus répandue est l’amyloïdose AA (inflammation chronique). 

  • L'atteinte peut être systémique ou localisée mais est surtout rénale et a donc une expression clinique principalement rénale. 

  • Des formes localisées plus particulières à chaque espèce existent : amyloïdose ßA (cerveau du chien âgé), amyloïdose endocrine (pancréas du chat diabétique). 

  • Une coloration spéciale nécessaire au diagnostic est utilisée, le rouge Congo.  

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