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LES TUMEURS - notions générales

DEFINITION (synonyme : néoplasie) 

         Prolifération cellulaire excessive et autonome ne répondant ni à un besoin physiologique ni à un stimulus et se développant au dépend de l’organisme. Un processus néoplasique est un phénomène irréversible le plus souvent. On distingue les néoplasies en fonction de deux principaux critères: 

Critères de classification des tumeurs 

      Les tumeurs bénignes sont souvent peu nocives pour l’individu et traitables contrairement aux tumeurs malignes qui ont de graves conséquences cliniques et peuvent altérer le fonctionnement de certains organes entrainant un décès prématuré de l’animal. Cependant, cette notion est à nuancer car suivant sa localisation, une tumeur bénigne peut aussi être très délétère (par exemple, une tumeur bénigne de l’encéphale).           

         En fonction du type de cellule à l’origine de la tumeur, on emploiera un terme particulier répondant à une nomenclature précise. 

CLASSIFICATION & TERMINOLOGIE

En fonction du type de cellules à l’origine de la tumeur, on distingue plusieurs grandes familles de tumeurs. 

 

Les tumeurs épithéliales :

 

   Ce sont des tumeurs issues de cellules qui composent des épithéliums de revêtement (peau, épithélium du tractus digestif ou respiratoire, des voies urinaires ou génitales…) ou glandulaires (tissu mammaire, pancréas, glandes salivaires…), mais aussi d’organes à composante épithéliale.

     Une tumeur issue d’un épithélium glandulaire aura tendance à conserver des structures caractéristiques de glandes comme des acini, ou des tubules. Alors qu’une tumeur issue d’un autre type d’épithélium ne sera constituée que d’un amas de cellules d’aspect jointif.  

 

      Cas particulier : bien qu’il s’agisse d’épithélium, les endothéliums et les mésothéliums ne rentrent pas dans cette catégorie en raison d’une origine embryonnaire différente. 

Classification et nomenclature des tumeurs épithéliales 

    Pour caractériser une tumeur épithéliale, on emploiera un terme spécifique en fonction de sa malignité et du type d’épithélium concerné, suivi d’un qualificatif relatif à l’organe atteint (par exemple, « hépatique » pour foie) ou des cellules concernées. 

  • Si la tumeur concerne un épithélium glandulaire, on parlera d’adénome (bénin) ou d’adénocarcinome (malin)

  • Si elle concerne un autre type d’épithélium, on parlera de papillome (bénin, pour les épithélium malpighien ou urinaire) ou de carcinome (malin)

 

NB : Dans certains cas, il est rajouté le suffixe « ome » ou « carcinome » au nom de l’organe ou au type cellulaire comme par exemple hépatocarcinome ou sertolinome.   

 

   Ces tumeurs malignes épithéliales métastasent préférentiellement par voie lymphatique et rejoignent notamment le noeud lymphatique drainant la région concernée. Certaines d’entre elles métastasent également par voie trans-coelomique, c’est à dire qu’elles rejoignent une cavité (abdomen, thorax) et s’y disséminent sur les séreuses (comme l’adénocarcinome pancréatique ou le carcinome ovarien par exemple).   

 

      Certaines tumeurs sont dites « complexes » car composées d’une population tumorale épithéliale et myo-épithéliale comme par exemple l’adénocarcinome mammaire complexe très fréquent chez la chienne

 

Les tumeurs mésenchymateuses :

 

  • Tumeurs conjonctives 

 

    Ce sont des tumeurs qui ont pour origine une prolifération de cellules du tissu conjonctif, du tissu osseux/cartilagineux et du tissu musculaire

            

            Cas particulier : bien qu’il s’agisse d’épithélium, les endothéliums et les mésothélium appartiennent à cette catégorie.

Classification et nomenclature des principales tumeurs conjonctives 

       Pour caractériser une tumeur conjonctive, on utilisera un préfixe faisant référence au type de cellules/structure à l’origine de celle-ci (par exemple « fibro » pour fibroblaste) suivi du suffixe « ome » (fibrome) pour une tumeur bénigne ou de « sarcome » (fibrosarcome) pour une tumeur maligne

 

  Ces tumeurs malignes ont tendance à métastaser par voie sanguine. On retrouvera alors préférentiellement des métastases hépatiques si les cellules métastatiques rejoignent la circulation portale ou bien des métastases pulmonaires (le plus classique) si elles parviennent à rejoindre une veine cave. Mais comme le réseau sanguin s’étend à tout l’organisme, une dissémination dans n’importe quel organe est possible. 

 

      Certaines tumeurs sont dites « mixtes » car elles associent une composante conjonctive et épithéliale comme des adénocarcinomes mammaires dans lesquels on peut observer des structures épithéliales glandulaires mais également des plages de matrice osseuse et cartilagineuse. 

 

  • Tumeur à cellules rondes

 

            Ce type de tumeurs concerne principalement les cellules lymphoïdes et du système hématopoïétique et est souvent malin

            On distingue tout d’abord les tumeurs situées directement dans la moelle osseuse hématopoïétique. Elles peuvent être à l’origine de la mise en circulation dans le sang de cellules hématopoïétiques anormales. On parle de leucémie et en particulier de leucémie lymphoïde si la lignée concernée est celle des lymphocytes ou leucémie myéloïde s’il s’agit d’une autre lignée cellulaire. Il existe une particularité, le myélome multiple qui est une tumeur disséminée des plasmocytes, multifocale, localisée dans la moelle osseuse mais qui n’est pas à l’origine cellules anormales circulantes (rare). 

        On distingue ensuite les tumeurs des autres organe/tissu hématopoïétique. Pour les caractériser, on utilise un préfixe faisant référence au type cellulaire concerné (« lympho » s’il s’agit de lymphocytes par exemple ou « mastocyt » s’il s’agit de mastocytes). Contrairement, aux tumeurs conjonctives, et bien qu’elles soient souvent malignes, on utilise la plupart du temps le suffixe « ome » (lymphome ou mastocytome par exemple bien qu’il s’agisse de tumeurs malignes). 

         Enfin, cette catégorie de tumeur regroupe également des cellules d’une toute autre origine comme les mélanocytes qui seront à l’origine d’un mélanocytome (bénin) ou mélanome (malin). 

Classification et nomenclature des principales tumeurs à cellules rondes

NB : il s’agit ici des principaux types de tumeurs rencontrées. Il en existe d’autres comme les tumeurs nerveuses et neuroendocrines, les tumeurs embryonnaires ou les tumeurs des cellules germinales. 

ASPECT MACROSCOPIQUE

         Une tumeur peut revêtir un aspect macroscopique très variable, en termes de couleur, consistance, forme, délimitation etc. Cet aspect peut nous orienter plus ou moins fortement sur son caractère malin/bénin (notamment par son caractère infiltrant, sa délimitation, la présence de métastases visualisables). 

 

Mais attention, seule l’analyse histopathologique permet de poser un diagnostic de certitude.

     Macroscopiquement, une tumeur bénigne aura plutôt un aspect bien délimité, encapsulé, peu infiltrant (1 : léiomyome), tandis qu’une tumeur maligne sera plutôt infiltrante, agressive, mal délimitée (2 : hémangiosarcome) mais ce n’est pas toujours le cas. Une tumeur d’apparence bénigne macroscopiquement peut au final être maligne histologiquement (8 : hémangiosarcome, 9 : ostéosarcome). Une même tumeur peut également revêtir des aspects macroscopiques totalement très différents (2, 3 : hémangiosarcomes ; 4, 5 : lymphomes hépatiques). De même, deux tumeurs qui se ressemblent ne sont   pas forcément de même nature (6,7 : liposarcome, chrondrosarcome).

    On ne peut pas s’appuyer sur l’aspect macroscopique d’une tumeur pour en déterminer sa nature. Par exemple, les photos (10,11) montrent deux tumeurs d’allure similaire, très proliférative, infiltrante et lobulée, mais pourtant de nature totalement différente (10 : carcinome vésical, 11 : mastocytome). Enfin, lors de multiples masses tumorales, il est impossible de savoir avec certitude si elles ont véritablement un lien entre elles et lesquelles seraient primitives ou métastatiques (12 : hémangiosarcome spléniques et métastases, 13 : carcinome hépatique et métastases intrahépatiques et spléniques). https://noahsarkive.cldavis.org, photos F62655-F03785-F32307-F30926-F33127-F22697-F32755-F33175-F33232-F03827-F25924-F62505-F33890.

ASPECT MICROSCOPIQUE

    D’un point de vue microscopique, un processus néoplasique est constitué d’une population cellulaire dense possédant les caractéristiques suivantes, d’autant plus présentes que la malignité est importante.

 

Au niveau cellulaire

 

        On distingue tout d’abord une perte de différenciation cellulaire. Elle est caractérisée par la présence de cellules anaplasiques, qui ont perdu des éléments de spécialisation morphologique (microvillosités, cils, pigments…) et fonctionnelle (capacité sécrétoire des cellules à mucus par exemple).

            

        Un pléomorphisme (variabilité d’apparence) est aussi souvent observable. On retrouve fréquemment : 

  • Une anisocytose : cellules de taille différente

  • Des atypies nucléaires : présence de cellules à plusieurs noyaux (mutinucléation), des noyaux de taille différente (anisocaryose) et plus volumineux (caryomégalies) ou au contraire des petits noyaux condensés hyperchromatiques, des variabilités nucléaires en forme et dans la répartition de la chromatine.

        L’ensemble aboutie à un rapport nucléo-cytoplasmique variable mais généralement augmenté

 

     Les tumeurs sont caractérisées par une capacité de division cellulaire accrue, visualisable microscopiquement par la présence de figures de mitose plus ou moins nombreuses et atypiques. Leur dénombrement par champ permet de calculer un index mitotique, indicateur de malignité à partir d’un certain seuil.

Liposarcome (peau, chien, x40) : on remarque un pléomorphisme marqué des cellules tumorales : forte anisocytose avec des cellules géantes (flèche) et anisocaryose avec un noyau géant (caryomégalie) détenant plusieurs nucléoles (tête de flèche). On note également des cellules anaplasiques avec une perte de différenciation par rapport aux cellules d’origine (adipocytes).  Zachary, 2017  

Tumeur indéterminée (chien, x40) : ici, on remarque de nombreuses figures de mitose (flèche) conférant à la tumeur un index mitotique élevé. De plus, les cellules sont très anaplasiques. Zachary, 2017  

Au niveau tissulaire global

 

    Du fait d’une croissance indépendante du tissu environnant, une tumeur est souvent caractérisée par une perte de l’architecture tissulaire normale. Par exemple, dans certaines tumeurs on n’observe plus les couches classiques de l’épiderme lors de carcinome épidermoïde, ou l’organisation d’un nœud lymphatique classique lors de lymphome. On observe également son caractère infiltrant et sa délimitation avec le tissu périphérique.

 

     Le milieu extracellulaire, appelé stroma tumoral, présente un aspect variable en fonction du type de tumeur. Il est plus abondant et riche en tissu conjonctif lors de tumeurs conjonctives qu’en cas de tumeur épithéliale par exemple. Les tumeurs sont richement vascularisées par un réseau capillaire irrégulier et instable qui peut aussi être à l’origine de plages hémorragiques. Enfin, des zones de nécrose peuvent être présentes. 

 

       Si des emboles tumorales sont visualisées (cellules tumorales dans un vaisseau), la tumeur est considérée maligne de façon certaine

Comparaison d’une hyperplasie lymphoïde et d’un lymphome (nœud lymphatique, chat) : on remarque, lors de lymphome à droite, une perte totale de l’architecture du nœud lymphatique envahi par des cellules tumorales; alors que l’architecture normale d’un nœud lymphatique est conservée lors de simple hyperplasie (photo de gauche). Zachary, 2017  

Métastases (nœud lymphatique mammaire, chien) : on note la présence de cellules jointives, fortement pléomorphes (C) dans ce nœud lymphatique drainant un carcinome mammaire. Zachary, 2017

Emboles tumorales (vaisseau lymphatique sous-cutané, chat) : présence de cellules métastatiques (tête de flèche) dans ce vaisseau lymphatique reconnaissable par la présence de valves (flèche) dans un contexte d’adénocarcinome mammaire. Ces emboles tumorales sont des cellules atypiques (plurinucléées, de taille et forme différentes) à l’allure jointive, concordant avec la nature de la tumeur (épithéliale). Elles permettent d’affirmer avec certitude qu’il s’agit d’une tumeur maligne. EnvA

Détermination de la nature de la tumeur

 

     Elle se base d’abord sur l’organisation générale de la tumeur. On pense à une tumeur épithéliale lors de présence cellules tumorales jointives alignées, et en particulier de tumeur épithéliale glandulaire avec la présence de structures glandulaires classiques (acini, tubules). Un tissu conjonctif abondant est plutôt en faveur d’une tumeur conjonctive, et sa nature peut orienter vers un type de tumeur en particulier (la présence de matrice ostéoïde est en faveur d’une tumeur à composante osseuse par exemple). 

   L’aspect des cellules peut également apporter des renseignements. On observe plutôt des cellules fusiformes lors de certaines tumeur conjonctives. Il est également parfois possible de reconnaître clairement la population tumorale et d’en déduire la nature de la tumeur (par exemple des lymphocytes pour le lymphome, de mastocytes pour le mastocytome, des cellules endothéliales pour un hémangiome/sarcome…). 

       Parfois, on peut être face à des tumeurs mixtes alliant plusieurs éléments. Lors d’adénocarcinome mammaire chez le chien, on peut retrouver à la fois des structures épithéliales glandulaires mais aussi des plages de matrice osseuse et cartilagineuse par exemple

Carcinome épidermoïde (peau, chat) : on remarque que les cellules tumorales ont une allure jointive (tête de flèche) ce qui permet d’orienter la nature de la tumeur vers une tumeur épithéliale. Un fort pléomorphisme peut être noté. EnvA  

Adénocarcinome pancréatique (mésentère, chat, x20) : les cellules tumorales s’agencent et forment des glandes tubulaires irrégulières (*). Cela permet de classer la tumeur parmi les tumeurs épithéliales glandulaires (adénome vs. adénocarcinome). Zachary, 2017  

Fibrosarcome (peau, chat) : on remarque déjà à faible grossissement (photo de gauche) que les cellules tumorales semblent former des faisceaux (trait plein). A plus fort grossissement (photo de droite), cette impression est toujours présente et les cellules ont un aspect fusiforme avec des noyaux allongés (tête de flèches). Cela permet d’orienter la nature de la tumeur vers une tumeur conjonctive.  EnvA  

Mastocytome cutané (peau, chien) : on visualise de nombreuses cellules contenant des granulations basophiles (tête de flèche), facilement identifiables. Il s’agit de mastocytes et l'identification de la tumeur est alors aisé.  EnvA  

Lymphome (nœud lymphatique, chien) : la masse tumorale n’est composée que d’une population cellulaire monomorphe. Il s’agit de lymphocytes et donc d’un lymphome.  Zachary, 2017  

L’Essentiel 

  • Une tumeur est une prolifération cellulaire excessive et autonome ne répondant ni à un besoin physiologique ni à un stimulus et se développant au dépend de l’organisme

  • C’est le plus souvent un processus irréversible.

  • Il existe trois principaux grands types de tumeurs : tumeur épithélialeconjonctive et à cellules rondes

  • Des critères macroscopiques mais surtout microscopiques permettent de déterminer le caractère bénin ou malin d’une tumeur, important d’un point de vue pronostic

  • Les tumeurs malignes sont les seules à pouvoir métastaser

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